Note sur les élections présidentielles françaises de 2012 (cabinet Communication&Institution)

Note sur les élections présidentielles françaises                               8 mars 2012

Une situation délicate pour le Président sortant

Les études et prévisions électorales sont, pour l’heure, assez alarmistes pour Nicolas Sarkozy :

• malgré quelques différences entre les instituts de sondage sur les écarts entre les candidats au premier tour, François Hollande est toujours en tête des intentions de vote ;

• au second tour, le candidat socialiste conserve une confortable avance selon tous les instituts avec, en moyenne, 56% des intentions de vote ; même si cet écart devra se resserrer nécessairement en final

• la proportion des indécis reste relativement importante (25 %) mais touche majoritairement les jeunes, traditionnellement peu portés sur le vote à droite.

Ces quelques chiffres confirment le sentiment général que la campagne du Président sortant a du mal à « prendre » sur le terrain. Si elle a pu bénéficier d’un souffle médiatique à ses débuts, réaction naturelle après la longue attente de son entrée en compétition, elle semble retomber maintenant, faute d’innovation majeure dans le discours et dans la stratégie. Le discours est à peu près le même qu’en 2007 : valeur travail, immigration, sécurité,… Car la stratégie générale n’a pas changé : miser sur le premier tour, aller chercher les voix du Front National au risque d’entretenir de vaines polémiques, comme le fut celle de la viande hallal et casher…

Si bien qu’aujourd’hui, les ténors de la majorité n’y croient plus, les ministres s’engagent peu dans la campagne et les députés UMP s’épanchent, en coulisse, sur les difficultés rencontrées au contact de la population.

Cette situation est d’autant plus dommageable pour Nicolas Sarkozy qu’il n’a, au final, plus beaucoup de proches ni de soutiens de poids. En effet, ni François Fillon, ni Jean-François Copé, ni Alain Juppé, qui pourraient avoir des prétentions pour les présidentielles de 2017, n’ont vraiment intérêt à ce qu’il soit réélu en 2012. Au contraire : après une éventuelle présidence socialiste, où la gauche cumulera tous les pouvoirs (Assemblée, Sénat, collectivités locales1), pour la première fois depuis le début de la Vième République, à l’exception notable du Conseil constitutionnel, un besoin d’alternance pourrait leur être favorable.

Le Président sortant a encore des cartes en main : son talent de débateur, qui s’est de nouveau illustré face à Laurent Fabius (6.03.12) et d’éventuelles surprises tactiques. Le grand rassemblement qu’il organise à Villepinte le 11 mars prochain pour présenter son programme sera, de ce point de vue, décisif.

Une élection sans désir

C’est par rejet de Nicolas Sarkozy que les électeurs envisageraient de porter François Hollande au pouvoir. Un tiers seulement des électeurs de second tour de François Hollande déclarent vouloir voter en sa faveur pour qu’il soit président de la République. Les deux tiers le feraient pour éviter que Nicolas Sarkozy le redevienne. Le point faible du candidat Hollande est le manque d’entrain qu’il draine, ce qui permet au candidat de l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, de frôler la barre des 10% d’intentions de vote, qu’il dépassera probablement au premier tour.

A ce stade de la campagne, donc, les sondages qui promettent à François Hollande une victoire avec des scores flatteurs ne doivent pas être interprétés comme le reflet d’une envie populaire de le porter au pouvoir, au risque de bien des désillusions. Pour la suite de la campagne et pour la suite tout court.

François Hollande, un candidat aux intentions intimes difficiles à cerner
Ce manque d’entrain s’explique d’abord par la situation économique, qui contraint fortement le discours et les engagements de François Hollande.
Il s’explique également par un trait de caractère propre au candidat socialiste : sa recherche du consensus à tout prix. D’un côté, cette caractéristique rassure ceux qui, après un quinquennat particulièrement clivant, aspirent à une présidence plus sereine. De l’autre, elle insécurise ceux qui attendent des décisions fermes dans une période difficile.

Sur ce point, on constate effectivement que sur des sujets aussi sensibles que le nucléaire ou la fiscalité, François Hollande mandate des émissaires auprès de certains publics – les industriels ou les grandes fortunes – pour les rassurer et dire le contraire de ce qu’il développe en public. C’est notamment vrai sur sa promesse d’instaurer un nouveau barème de 75% d’impôt sur le revenu pour les revenus de plus d’un million par an.
Il est donc souvent difficile de bien cerner les intentions réelles du candidat socialiste.

C’est également vrai en politique étrangère. François Hollande cultive une opinion ambivalente sur des sujets tels que le Sahara, les islamistes, l’immigration, les révolutions arabes, les droits de l’homme… Il est également connu pour entretenir des relations privilégiées avec l’Algérie, ayant effectué un séjour de huit mois en 1978 pour son stage de l’ENA, mais également un voyage en 2006 alors qu’il était Premier secrétaire du PS. Dernièrement, juste avant de se lancer dans les Primaires socialistes, il a effectué un déplacement en Algérie en décembre 2010, à l’invitation du FLN. Il était accompagné par ses conseillers Kader Arif, député européen, et Faouzi Lamdaoui, élu à Argenteuil et natif de Constantine.

S’il est toujours délicat en la matière de prévoir les résultats 2 mois à l’avance du scrutin présidentiel, (les français ayant horreur qu’on leur confisque leur élection), il n’en reste pas moins que la situation économique est très mauvaise pour un président sortant et le taux de chômage ne diminuant pas, il risque de compter pour beaucoup dans le résultat final.

Le troisième homme ou femme, pourra influer sur le résultat final : la situation ne sera pas la même si François Bayrou arrive finalement en 3 ième position, plutôt que Marine Le Pen. Dans le premier cas, il aurait intérêt à se rallier à Nicolas Sarkozy en négociant Matignon par exemple, ce qui pourrait changer quelque peu la donne et les résultats.

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