L’avenir du Congo est insulté

Le Congo cessera-t-il un jour de nous indigner ? A satiété, les meilleurs auteurs ont dénoncé les abus de la colonisation, le portage, le travail forcé…

Les crimes politiques et les violences qui ont accompagné une indépendance mal préparée ont été longuement analysés, y compris au sein d’une commission d’enquête parlementaire.

La dictature de Mobutu, sur laquelle l’Occident a fermé les yeux durant trois décennies a fini par disparaître dans l’opprobre général. Les guerres qui ont suivi, dévastant l’Est du pays, n’ont pas encore livré tous leurs secrets : guerres menées par les voisins, conflits ethniques, captation des ressources comme le coltan.

Les crimes commis dans les deux Kivu n’ont même pas encore été jugés et à Beni, les morts se comptent toujours par dizaines. Malgré les carences de la justice et l’impuissance de la communauté internationale, on croyait tout savoir des souffrances du Congo, souvent incarnées par le viol des femmes et le recrutement des enfants soldats. Eh bien non. Force est de constater, la rage au cœur, qu’on ne savait pas encore tout.

La confirmation du scandale nous frappe au visage comme un coup de poing : l’avenir lui aussi est insulté, hypothéqué. L’exploitation minière qui devrait permettre le développement des générations présentes se révèle une bombe à retardement pour les générations futures.

Au Katanga, où les mines devraient servir à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, alimenter le budget de l’Etat et permettre le décollage, elles font la fortune des grandes sociétés et se révèlent un fardeau pour l’avenir.

Le Congo certes, a toujours possédé les ressources dont le monde avait besoin, qu’il s’agisse du cuivre, de l’uranium, du coltan et aujourd’hui du cobalt et du lithium. Mais non seulement ces pactoles successifs n’ont jamais bénéficié aux populations congolaises, aujourd’hui c’est l’avenir lui-même qu’elles hypothèquent. Car ces minerais qui devraient nous assurer une énergie propre et nous libérer de notre dépendance au pétrole, se révéleront peut-être un poison pour les Congolais eux-mêmes, soumis aux radiations, victimes de la contamination de leurs sols, de la mort clinique de leurs rivières, sans parler des menaces qui pèsent sur la forêt tropicale, réservoir de biodiversité !

Si l’avenir est ainsi hypothéqué, ce n’est cependant pas à cause des ressources naturelles elles mêmes, qui auraient pu être une source de richesse partagée.

Le véritable ennemi du Congo, qui risque de le détruire, c’est une fois de plus, l’avidité d’un monde obnubilé par le profit immédiat et dominé par les « majors » qu’elles soient occidentales et aujourd’hui chinoises. C’est aussi la complicité des élites nationales, au plus haut niveau du pouvoir, allègres partenaires du pillage ou vilipendées dès lors qu’elles veulent modifier les termes de l’échange.

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