Le Hirak peut-il déjouer le complot contre l’Algérie?

De nombreux algériens ont été surpris par le nom du gagnant de la chevauchée présidentielle du 12 décembre 2019. Des cinq candidats alignés au champ de course pour le grand prix d’El Mouradia, le cartel militaire a retenu un Premier ministre éphémère de Bouteflika. Rappelons que Tebboune avait été limogé au bout de trois mois parce qu’il avait osé s’en prendre à certains oligarques.

En fait, cet épisode de 2017 semble être le point de départ d’une guerre de clans autour du partage de la rente des hydrocarbures, réduite en peau de chagrin par des budgets de corruption apparemment incompatibles avec un prix de pétrole et des exportations d’hydrocarbures en baisse. Bouteflika a tranché en faveur des oligarques en faisant appel à Ouyahia qui a eu recours à la politique de la planche à billets pour financer le statu quo au niveau des forces en présence. Il est aujourd’hui en prison.

Force est de constater que tous ceux qui se sont opposés en 2017 aux décisions annoncées par Tebboune ont été neutralisés bien avant son intronisation en tant que nouveau Président de la République. Mais ce n’est pas tout. Le pouvoir profond qui l’a adoubé lui a facilité la tâche en demandant au Président sortant de ne pas lui refiler certaines patates chaudes, notamment la loi sur les hydrocarbures, les raffineries d’Augusta et de Hassi-Messaoud etc. A cet effet, Bensalah a été forcé de prendre des décisions stratégiques qui pouvaient attendre 2020. Pourquoi cet excès de zèle et qui coordonne ces actions?

J’ai rêvé cette nuit d’une Algérie prospère et proche du plein emploi, sans haragas ni SDF. J’ai vu des hôpitaux performants, des salles de cinéma, des usines produisant des plus-values et des centres de recherche avec des universités qui attiraient de nombreux étudiants étrangers. J’ai vu des millions de touristes étrangers dans les aéroports dotés d’infrastructures modernes. J’ai vu défiler des images de champs de blé et de panneaux solaires qui s’étalaient à perte de vue. Dans mon rêve, l’Algérie rayonnait du Nord au Sud dans tous les domaines, littérature, cinéma, sciences, médecine. Le peuple était libre et pouvait s’exprimer.

A mon réveil, je me rends très vite compte de la triste réalité et je me prépare à affronter la misère quotidienne de plus en plus insupportable. Comment en est-on arrivé là ?

Depuis l’indépendance, les gouvernants algériens ont opté pour un modèle économique rentier basé sur les hydrocarbures, non viable à long terme. Les médias ont choisi de vivre au jour le jour et de ne pas entendre le FMI lorsqu’il prédit “une crise lancinante et dangereuse” avec le tarissement des réserves de change. Bercée par ces médias, la majorité des algériens ignore que la situation économique de l’Algérie est alarmante.

La maffia algérienne, société anonyme régie selon les règles non écrites de la « Cosa Nostra », contrôle la distribution de la rente pétrolière à travers les administrations liées aux secteurs des finances et de l’énergie. Le secteur des finances distribue une partie de la rente pétrolière aux oligarques à travers notamment des prêts sans garanties accordés par les banques publiques. On pourrait même se demander si l’oligarchie, sortie de nulle part grâce à ces prêts, existe réellement. Certains vous diront que c’est un stratagème mis en place par le pouvoir profond pour piller les banques publiques et qu’un général se cache derrière chaque oligarque. C’est une nouvelle variante de l’affaire Khalifa. On désigne des liquidateurs qui s’arrangeront pour brûler les pièces à conviction compromettantes. On ne retrouvera pas les traces des délits. Le Trésor effacera l’ardoise des banques publiques et leurs managers risquent tout au plus de sortir en retraite anticipée.

Comme pour l’affaire Khalifa, il y aura un simulacre de procès pour boucler des enquêtes mal ficelées. Les complices récupéreront leurs passeports pour rejoindre leurs comptes à l’étranger. C’est le prix du silence qui permet à un groupuscule de traitres qui constitue le pouvoir profond d’entretenir des milliers de mafiosos appâtés par les gains illicites.

Le maintien d’anciens membres de la « Issaba » au niveau de la triade exécutive du plan de sabotage (Président, ministres des Finances et de l’énergie) confirme que nous sommes dans le 5eme mandat qui sera l’acte final de la mise à mort de l’Algérie. Il y aura toujours des traitres pour exécuter la feuille de route du maître d’œuvre, le puissant Etat protecteur de l’américain Chakib Khelil. Le général Tewfik a perdu une importante bataille le 15 janvier 2020, lorsque la justice italienne a innocenté, au nom d’intérêts suprêmes secrets, les hommes de main de Chakib Khelil en fuite à Dubaï. Ils pourront dorénavant voyager et rentrer au pays pour participer au 5eme mandat.

Le gouvernement algérien a, en 2011, lancé un programme d’installation d’une capacité d’énergie renouvelable de 22.000MW qui s’étale jusqu’à 2030 (les-energies-renouvelables-une-priorite-en-algerie/). Etait-ce une première réponse pour renforcer la sécurité énergétique? L’Algérie avait-elle réellement décidé de changer de cap pour relever les défis futurs? On sait aujourd’hui que ces annonces très médiatisées concernant les énergies renouvelables sont un autre mensonge d’Etat puisque, dans les faits, le gouvernement de Bouteflika a conclu en 2014 avec General Electric un accord pour réaliser un complexe de fabrication de turbines à gaz à Batna (https://www.dzentreprise.net/6723-2/). Cette usine de production de centrales électriques réalisée à Batna en 2019 est, à l’image des usines d’assemblage de voitures, une manière d’importer en gré à gré et sans taxes des équipements à faible taux d’intégration pour repousser la transition énergétique. Sonelgaz s’est engagée à acquérir 16 000 MW d’ici 2028 auprès de l’américain GE, ce qui va aggraver considérablement notre dépendance au gaz naturel (https://maghrebemergent.info/le-sud-coreen-hyundai-ec-va-realiser-une-centrale-thermique-a-biskra/).

Selon son PDG, Sonelgaz va réaliser en l’espace de 10 ans un parc de production équivalent à celui réalisé en 50 ans, soit 20.000 MW de capacité supplémentaire pour dit-il « assurer notre sécurité énergétique et construire un puissant catalyseur pour la diversification de l’économie nationale». http://bourse-dz.com/electricite-capacite-additionnelle-de-20-000-mw-dans-10-ans/.

Tout est dit. Le concept de pseudo intégration des centrales à gaz achetées en gré à gré à General Electric n’est pas seulement le justificatif politique d’une opération de corruption, c’est un acte de trahison dont les conséquences sont graves puisqu’il enterre le programme des énergies renouvelables et génère d’importantes surcapacités de production d’électricité. Après l’immense gaspillage engendré par les surcapacités des cimenteries et des usines d’engrais (des volumes importants de gaz naturel destinés initialement aux exportations à long terme sont réaffectés aux secteurs privés et livrés à un prix inférieur à leur coût de production), c’est au tour de Sonelgaz de participer à la saga sournoise du sabotage du modèle énergétique national. Dans quel but ? Rapprocher la date fatidique du chaos national et de la guerre civile?

L’Egypte a affiché les mêmes ambitions que l’Algérie en termes d’énergie solaire à partir de 2010. Le programme égyptien d’énergies renouvelables financé par des organismes internationaux a été conduit par un ministère dédié à cet objectif. L’Egypte atteindra 20% de renouvelable dans son mix énergétique en 2020 et vise 42% à l’horizon 2035. Elle vient de construire le plus grand parc solaire d’Afrique (comment-l-egypte-veut-devenir-le-n-1-de-l-electricite-solaire). Le Maroc qui a réalisé une capacité d’EnR de 3700 MW, dont 711 MW pour le solaire en 2018 s’est fixé pour objectif de dépasser 50% d’EnR dans le mix électrique.

L’Algérie, quant à elle, vient pratiquement d’annuler en catimini son objectif initial de 22.000MW. Ce constat est triste car il nous rappelle le programme du GPL carburant des années 80. Indéniablement, il existe depuis les années 80 une constance au niveau du sabotage du modèle énergétique algérien qui est un élément essentiel du modèle économique national. A ce stade, il est légitime de s’interroger sur la démarche politique et économique suicidaire de nos gouvernants, sans aucune vision de long terme, démarche qui n’inquiète ni les acteurs algériens de la société civile, ni les organes de sécurité à qui on a fait croire que la rente des hydrocarbures sera au rendez-vous jusqu’en 2030, voire 2040 alors que tous les experts s’accordent à dire qu’il n’y a aucune rente associée au gaz de schiste.

Les scandales continuent de secouer la Sonatrach. Elle a signé sous Ould-Kaddour un contrat avec le géant américain Exxon Mobil afin que cette dernière établisse un inventaire de toutes les ressources énergétiques du Sahara. Cette décision a fait réagir les experts en énergie qui se demandent comment une information aussi stratégique puisse être mise à la disposition de puissances étrangères.

Par ailleurs, un communiqué publié par la société espagnole Tecnicas Reunidas (confirmé une semaine plus tard par Sonatrach) annonce aux algériens la réalisation d’une nouvelle raffinerie à Hassi Messaoud « visant à augmenter la production locale de carburants et autres produits pour répondre à la demande nationale croissante et pour être au diapason des exigences environnementales Euro V. La conception de l’usine (5 MTA) respectera les normes de sécurité et d’environnement les plus strictes, tant dans sa construction que dans son fonctionnement».

https://algerie7.com/economie/exclusif-sonatrach-veut-offrir-dans-des-conditions-troublantes-un-mega-marche-de-3,8-milliards-de-dollars-a-tecnicas-reunidas-et-samsung/

Pourquoi une raffinerie au sud (coûteuse à cause de la fabrication des essences) alors que la demande d’essence est au Nord ?
Un quotidien algérien (https://www.liberte-un-avant-poste-de-lindustrie-du-schiste-) nous donne une version originale. Cette raffinerie serait alimentée par du pétrole lourd (importé par des bateaux qui navigueront sur la mer de sable ?) pour produire plus de gasoil qui serait destiné aux futurs forages de gaz de schiste. Cette théorie n’explique pas le surinvestissement pour la fabrication d’essences.

Le communiqué tardif du Groupe Sonatrach du 08 janvier 2020 précise que : « Cette nouvelle raffinerie s’inscrit dans le cadre du programme de SONATRACH visant …à dégager des volumes à l’export. » https://sonatrach.com/presse/raffinerie-de-hassi-messaoud/

Une raffinerie à Hassi-Messaoud qui va exporter des carburants? Là aussi avec des bateaux navigants sur une mer de sable ?

Bref, on a l’impression que Sonatrach est instruite pour jeter des milliards de dollars par la fenêtre (génératrices de rétro commissions) car aucune étude ne supporte ces décisions d’investissement.

On connaît les résultats de la bataille du sérail autour du management de Sonatrach qui a commencé en janvier 2010 par la “décapitation judiciaire” du Comité exécutif de Sonatrach pour “association de malfaiteurs et détournement de fonds publics” et qui s’est achevée par le verdict de février 2016, soit un mois avant le retour triomphal en Algérie du principal coupable.

La valse des PDG de Sonatrach depuis une quinzaine d’années montre qu’il existe une volonté de saboter cette entreprise stratégique. Toutefois, la nomination d’Ould Kaddour au poste de PDG de Sonatrach, en mars 2017, alors qu’il avait été condamné à 30 mois de prison pour haute trahison, a marqué un tournant qui restera gravé dans l’histoire de l’Algérie. Des analystes ont tiré de graves conclusions. Pour eux, l’Algérie ne dispose plus d’institutions (civiles et militaires) en mesure d’assurer la défense des intérêts nationaux. Ce personnage qui a une triple nationalité a notamment créé un véritable gouffre financier en achetant une raffinerie à l’état de ferraille en Italie à ses amis d’Exxon (sonatrach-va-reinjecter-150-millions-deuros-dans-les-caisses-de-la-raffinerie-augusta/). Comme son mentor Chakib Khelil, il a été ex filtré par ceux qui se sont pourtant attaqués au clan des Bouteflika. Le nouveau PDG de Sonatrach devra nous expliquer comment il va s’en sortir avec cette raffinerie invendable d’Augusta pour lequel il doit débourser chaque année plus de 300 millions de dollars de charges.

L’épisode Chakib Khelil, très documenté à l’étranger depuis le début du feuilleton du procès de Milan, donne un aperçu des mécanismes de pillage du secteur de l’énergie. Ouvert en 2015, le procès du tribunal de Milan portait sur le versement de 197 millions d’euros de pots-de-vin à des responsables publics algériens, entre 2007 et 2010. La justice italienne a clôturé le dossier le 15 janvier 2020 en innocentant les proches de Chakib Khelil, notamment Farid Nourredine Bedjaoui, Samir Ouraied et Omar Habour (https://surprenant-rebondissement-dans-laffaire-eni-saipem/). Ce dénouement politico-judiciaire du procès de Milan n’est pas surprenant. Il s’inscrit dans le prolongement du retour aux affaires de l’équipe de Chakib Khelil venue pour terminer le boulot de sabotage et confirme, à l’international, que Chakib Khelil est un agent fédéral américain en mission en Algérie (Financial Hitman). Se basant sur ce verdict de Milan, le département américain de la justice va enfin pouvoir renoncer à poursuivre ENI/Saipem pour corruption. La boucle est bouclée.
Chakib Khelil est le ministre qui a détruit le fleuron de l’économie algérienne, Sonatrach. Il a ordonné la surexploitation des gisements en interdisant la réinjection qui permet de maximiser la récupération d’hydrocarbures liquides. Son lieutenant Ould Kaddour de retour aux affaires avec le grade suprême de PDG de Sonatrach confirme cette instruction de sabotage des gisements passible de la peine capitale. Son passage à Sonatrach n’effacera pas ses frasques à BRC (Brown and Root Condor) et les surfacturations hallucinantes (http://face-cachee-de-chakib-khellil/) qui n’ont fait l’objet d’aucune instruction judiciaire. A ce jour, ces personnages n’ont pas été inquiétés par la justice algérienne et leurs biens n’ont pas été saisis. Sonatrach n’a pas été indemnisée pour les préjudices subis car elle ne s’est pas portée partie civile.

Il faut à ce stade rappeler que le couple Zeghmati/Charfi qui a ouvert le dossier judicaire de Chakib Khelil en 2013 a été limogé en 2015 par Bouteflika puis récupéré par Gaid Salah en 2019. Chakib Khelil et ses acolytes y compris Ould Kaddour (car la dissolution de BRC par Bouteflika n’efface pas ses délits) n’ont toujours pas été jugés et jouissent pleinement de leurs biens en Algérie. Zeghmati garde son poste de ministre de la justice dans le nouveau gouvernement.

Lorsqu’il n’y aura plus de devises pour soutenir les dealers de Port Said, le taux sur le marché parallèle grimpera à plus de 400 DA/euro, ce qui accélérera le processus inflationniste. Mais il y a plus grave car notre pays risque d’être confronté à une crise financière avant trois ans aggravée par une crise énergétique à l’horizon 2030. En fait, le sabotage du secteur de l’énergie n’est que l’un des invariants d’une feuille de route exécutée par les gouvernants qui se sont succédés depuis plus de 40 ans. Cette thèse a été déjà développée par différents auteurs. Leur analyse montre que la maffia algérienne n’est que l’organe d’exécution d’une feuille de route qui s’articule autour de trois axes:

La déliquescence du secteur de l’éducation qui va brider la qualité de la relève de nos ressources humaines sous le dogme de l’arabisation des sciences et nous condamner à l’assistanat étranger et à quémander l’aumône aux émirs du Golfe (on y est, opérations en cours);
La destruction de l’économie nationale alors que le pays a bénéficié d’une manne pétrolière de 800 milliards $;

Le sabordage du secteur de l’énergie qui va priver le pays de sa capacité de financement et menacer sa sécurité énergétique.

La mise en œuvre de cette feuille de route a nécessité des moyens importants – notamment pour son financement- et une coordination au niveau des actions. On sait aujourd’hui que le financement a été assuré par des opérations de corruption à grande échelle (réf. Chakib Khelil, Bouchouareb, Hadad…) avec la complicité de bureaux d’avocats internationaux et parfois des Etats pour le blanchiment des montants détournés et la protection des agents d’exécution.

Pour certains axes de sabotage et de propagande qui nécessitent une base idéologique, le pouvoir fait appel à des partis politiques, à certains syndicats et à des associations.

L’argent de la corruption et parfois l’argent public distribué sous forme de subventions ou de budgets de publicité servent à contrôler les médias publics et privés qui se multiplient à grande échelle pour diffuser la bonne parole ou acheter le silence sur les sujets sensibles (autocensure).

Les invariants de la feuille de route exécutée par le pouvoir profond depuis plusieurs décades reflète une stratégie de long terme développée par des groupes d’intérêts étrangers visant à mettre la main sur le domaine minier algérien. Ces groupes semblent privilégier un passage en force avec un mépris manifeste pour le peuple. Ils ont pris les commandes opérationnelles en Algérie à travers quelques exécutants galonnés rémunérés par la corruption. Ces « galonnés » qui composent la « Issaba » exécutent un plan extrêmement sophistiqué et jouissent d’un support logistique conséquent notamment au niveau du renseignement. Il faut se demander si le futur de l’Algérie n’est pas déjà écrit dans le cadre de l’initiative du «Grand Moyen Orient » divulgué en 2003.

S’il est clair qu’il existe un complot contre l’Algérie et qu’on prépare la privatisation du secteur des hydrocarbures, Il ne faut pas perdre de vue que cet objectif a d’autres conséquences:

La sécurisation militaire par les forces de l’OTAN des futurs investissements de BP, Total et Exxon etc. en Algérie. Rappelons qu’Ould Kaddour en tant que PDG de BRC, société algéro-américaine, a construit la première base militaire US.

L’installation au pouvoir d’un régime qui va poursuivre l’œuvre de dégradation et d’asservissement de la société algérienne, à travers notamment la destruction de l’école et de l’université.

Que restera-t-il de l’Algérie après l’épuisement des réserves de change et le transfert des réserves d’hydrocarbures à des parrains étrangers? Un pays avec un peuple docile qui accepte les conditions du FMI (thèses de Chakib Khelil) ou un pays livré au pillage et à une guerre civile qui justifiera l’intervention militaire des nations de l’OTAN qui ont déjà pris position autour de nos frontières (Tunisie, Libye, Tchad, Mali, Maroc..).

Le Hirak peut-il sauver l’Algérie ?

La revue Le Point du 09/01/2020 a publié une contribution de Kamel Daoud « Où en est le rêve algérien? ». On observera sur la page de couverture de la revue un autre titre : « la révolution perdue par Kamel Daoud ».

Kamel Daoud considère que le Hirak est piégé dans une impasse urbaine. Il écrit : « D’un côté des protestataires passionnés, admirables mais piégés dans les grands centres urbains et, de l’autre, une offre de solution avec une élection présidentielle qui pare le vide, l’instabilité et donc le cauchemar à la libyenne. Epuisés et sans visibilité sur l’avenir, beaucoup, dans l’avenir profonde, feront le choix pragmatique entre la démocratie et la sécurité. Comment un mouvement d’une telle ampleur…a-t-il pu échouer? »
Je vais me permettre d’être critique car j’analyse ce complot contre l’Algérie depuis très longtemps (https://www.lematindz.net/news/14110-le-complot-de-sid-kaci-06-avril-2014.html).

Le peuple algérien est un troupeau qu’on amène à l’abattoir depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, la proximité de l’abattoir qui n’est plus qu’à deux années de marche, les révélations sur les actes de trahison et surtout l’instinct de conservation nous ont tirés de notre léthargie.

Le Hirak gardera les yeux ouverts. Il a tout compris sur l’avenir qu’on lui prépare qui est tout sauf la sécurité. Il ne se laissera pas faire et ne sera jamais épuisé car sa vie en dépend. Il continuera à dénoncer les traitres qui l’amènent vers l’abattoir et restera vigilant. Le temps joue pour lui. Les traitres auront du mal à cacher la vérité. L’Issaba va tenter de vendre le domaine minier et le foncier (touristique/agricole) aux cheikhs du Moyen Orient pour financer la marche vers l’abattoir. Le Hirak ne lâchera rien. Il descendra dans la rue pour dénoncer ces actes de trahison.

Mouloud Hamrouche, un homme issu du système, estime que le Hirak est « une opportunité historique pour sauver le pays, protéger l’armée et lancer ce qu’il a appelé le projet Algérie ». Il détaille son point de vue dans El Watan du 4/09/2019 (https://www.elwatan.com/wp-content190904.pdf ). Pour lui, « le mouvement du peuple est un sursaut de survie et une action préventive contre une possible déstabilisation généralisée et internationalisée … Par cette mobilisation inattendue, les Algériens ont refusé que leur pays chute ou cède au chaos … Autre mérite du hirak, c’est d’avoir révélé tant de désordres et de malversations dont la presse et les médias abreuvent l’opinion impliquant des plus hauts responsables et fonctionnaires de différentes institutions, Premiers ministre, généraux-majors, ministres et autres hauts cadres et agents de l’Etat, banquiers et entrepreneurs. Sont-ils victimes ou bourreaux, ou de simples serviteurs zélés d’un système qui interdit toute gouvernance institutionnelle, toute surveillance politique et toute administration légale?…. Le système algérien n’est pas un modèle et ne ressemble à aucun autre. C’est un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations. C’est un système liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et antinational. C’est pour toutes ces raisons qu’il a anéanti l’embryon de l’Etat, fruit de la guerre de la Libération nationale, annihilé la loi et détruit la gouvernance. »

Il conclut : « Pour sa survie, il finira par briser la cohésion de l’ANP ».
Hamrouche lance-t-il un appel à une faction de l’armée pour l’inciter à un coup d’état contre la « Issaba » qui exécute depuis trente ans une feuille de route étrangère?.

Au-delà des enjeux économiques, c’est un conflit géostratégique qui est préparation. Le défi majeur de l’Algérie, c’est l’instauration d’une démocratie véritable et le recours à un modèle économique qui nous permettrait de gérer l’après-pétrole. C’est l’œuvre d’au moins une génération. Les recommandations en ce sens relèvent du bon sens: il faut récupérer l’école et former des ressources humaines compétentes, rétablir la justice, promouvoir notre potentiel agricole, encourager le développement d’industries stratégiques et des services créateurs d’emplois et de valeurs ajoutées et surtout, redonner l’espoir à nos jeunes. Mais pour que tout cela se réalise sans violence, il y a un prix à payer que le peuple va exiger avant d’accepter de se serrer la ceinture: il faut lui rendre justice en faisant la lumière sur tous les scandales et les actes de corruption et de trahison du clan au pouvoir et de leurs complices. Les crimes de corruption sont imprescriptibles et régis par des accords internationaux. Il faudra juger et condamner ces criminels pour pouvoir saisir leurs biens. C’est la seule et unique recette pour éviter dans 2 ou 3 ans la guerre civile programmée par la feuille de route du GMEI dont l’objectif reste «la sécurisation militaire étrangère» des futures installations multinationales en Algérie.

Sid Kaci

Le Quotidien d’Algérie, 20 jan 2020

Tags : Algérie, Hirak, Tebboune, complots,