Algérie : La chasse aux oligarques lancée?

Vaste enquête sur des faits de corruption – LA CHASSE AUX OLIGARQUES LANCÉE ?

Nassim Mecheri

Une vaste enquête a été lancée ce lundi contre plusieurs oligarques algériens, soupçonnés de dilapider l’argent public et d’enrichissement illégal.

Dans un communiqué rendu public, la justice a annoncé avoir ordonné l’ouverture d’enquêtes sur la corruption et les transferts illicites de capitaux vers l’étranger.

Le Parquet général de la Cour d’Alger annonce également avoir ordonné des interdictions de sortie du territoire national à l’encontre de plusieurs hommes d’affaires très influents. « Conformément à l’article 11 alinéa 3 du code de procédure pénale, le Parquet général près la Cour d’Alger porte à la connaissance de l’opinion publique que des enquêtes préliminaires sont mises en œuvre pour des faits de corruption et de transfert illicite de capitaux vers l’étranger », précise la même source.

Dans ce cadre et « pour les nécessités des enquêtes, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’Hamed a procédé à l’application des dispositions de l’article 36 bis 1 du code de procédure pénale et a pris des mesures conservatoires en ordonnant l’interdiction de sortie du territoire national à l’encontre de certaines personnes », ajoute le même communiqué sans donner plus de détails. Plusieurs hommes d’affaires sont concernés par l’interdiction de sortie du territoire nationale et qui seront privés de leurs passeports.

Selon plusieurs sources la liste comprend des noms puissants comme : Kouninef Reda, Kouninef Noa (ou Noah) Tarek, Kouninef Abdelkader Karim, Haddad Ali, Haddad Omar (alias Rebbouh), Tahkout Mahieddine, Tahkout Rachid, frère de Mahieddine, Tahkout Nacer, Tahkout Billel, Baïri Mohamed, Ould Youcef Mohamed, Boudia Ibrahim.

Ces derniers et leurs proches ont fait l’objet d’une décision de confiscation de passeport, tandis que l’enquête se poursuit avec d’autres symboles de la corruption. Cette enquête a été confiée à la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab J’did, à Alger. Les oligarques, leurs familles et proches y sont ciblés. Toujours selon la même source, la Gendarmerie s’intéressera à la fortune de ces hommes d’affaires en Algérie ainsi qu’à l’étranger.

Par ailleurs, depuis la matinée d’avant-hier, tous les avions privés, immatriculés en Algérie ou à l’étranger, sont interdits de vol. Une instruction de la Direction de l’aviation civile a été adressée à tous les aéroports du pays. Aucun avion privé appartenant à un Algérien, qu’il soit immatriculé en Algérie ou à l’étranger, ne peut décoller des aéroports algériens ou y atterrir en provenance de l’étranger.

Plusieurs jets privés appartenant à des hommes d’affaires algériens sont cloués au sol suite à cette interdiction.

Pour rappel, le célèbre homme d’affaires Ali Haddad, deuxième fortune du pays, a été arrêté avant-hier tard dans la nuit au poste frontalier d’Oum Tboul en possession d’une somme d’argent en devises et d’un passeport britannique.

Le patron du groupe ETRHB avait dissimulé l’argent dans ses valises et s’apprêtait à quitter le pays à bord d’un véhicule de marque Passat immatriculé à Alger. Le mis en cause a été rapatrié vers Alger par les services de la Gendarmerie nationale pour une enquête approfondie confiée aux sections et aux brigades économiques et financières.

L’arrestation d’Ali Haddad, ex-patron du Forum des chefs d’entreprises, ainsi que la vaste enquête menée par la justice à l’encontre de plusieurs hommes d’affaires et de hauts responsables pour des faits de corruption et de dilapidation d’argent public, marquera sans doute le lancement d’une chasse aux oligarques longtemps protégés par le système.

Le Jeune Indépendant, 1er avr 2019

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