Panique après une déclaration farfelue sur la Mauritanie : de quoi le Makhzen a-t-il peur ?

Pour calmer l’ire provoquée en Mauritanie par les ubuesques déclarations de Hamid Chabat, qui a affirmé, samedi dernier, lors d’une rencontre syndicale de son parti, Istiqlal, que «la Mauritanie est une terre marocaine», le roi Mohammed VI ne s’est pas contenté d’envoyer son Premier ministre, Abdelilah Benkirane, à Nouakchott pour transmettre ses excuses les plus plates au président Mohamed Ould Abdelaziz. Il a également pris son téléphone, mardi, pour «rassurer» le chef de l’Etat mauritanien sur le fait que «le Maroc reconnaît l’intégrité territoriale de la République islamique de Mauritanie, conformément au droit international».
Mohammed VI a, par ailleurs, saisi l’opportunité de son entretien avec Mohamed Ould Abdelaziz pour lui exprimer de vive voix son «soutien et (son) amitié indéfectibles, ainsi que (son) attachement à la relation de bon voisinage et de solidarité entre les deux pays, fondée sur les liens séculaires et familiaux qui ont toujours existé entre les deux peuples». Si le roi Mohammed VI l’avait pu, pour l’amener à passer l’éponge, il aurait sans doute embrassé sans hésiter les pieds du président mauritanien tellement la sortie de Chabat aurait pu être lourde de conséquences pour le Maroc.
La célérité avec laquelle le Makhzen a décidé de circonscrire l’incendie diplomatique provoqué par l’hideux Hamid Chabat montre à quel point il craint fortement de s’aliéner la Mauritanie. Surtout dans le contexte actuel. Pour Rabat, une Mauritanie en conflit avec le Maroc profitera forcément à l’Algérie et aux Sahraouis. Surtout que l’attaque de Chabat intervient à un moment où les relations entre la Mauritanie et le Maroc sont déjà plus que tendues et où également l’Algérie multiplie les initiatives économiques et diplomatiques au niveau du continent. 
La récente visite de trois jours à Alger du Premier ministre mauritanien, Yahya Ould Hademine, a d’ailleurs provoqué une véritable panique au sein du Makhzen. Cette panique était d’autant plus grande que lors de cette visite que Yahya Ould Hademine a coprésidée avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, plusieurs accords importants ont été conclus, dont celui consistant à densifier leurs échanges économiques et commerciaux du moment où les voies de communication existent entre les deux pays. De plus, les autorités algériennes avaient affiché leur intention claire de se consacrer à l’avenir davantage à cette partie du Sahel. 
Le Maroc s’est également empressé de dépasser très vite le grave incident provoqué par Hamid Chabat pour sauver aussi l’axe politique et économique qu’il est en train de construire à grands frais avec le Sénégal et, plus globalement, avec l’Afrique. Le tout avec l’aide de la France qui cherche à tout prix à extraire la Mauritanie du Maghreb et contenir l’influence de l’Algérie au Sahel.
N’est-ce pas d’ailleurs cet axe en construction qui risque de mettre le feu aux poudres à El-Guerguerat ? Une chose est certaine : sans la Mauritanie, le Maroc risque de se retrouver tout simplement isolé. C’est la raison pour laquelle c’est aujourd’hui le branle-bas de combat partout dans tout le royaume alaouite.
Khider Cherif

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