Afrique / UA : Un sommet dans un contexte de troubles sécuritaires et d’incertitudes politiques

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentera aujourd’hui, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA).
Cette conférence, la vingt-sixième du nom, qui devrait se terminer par l’élection honorifique du nouveau président de l’Organisation (un poste dont le renouvèlement intervient chaque année selon une rotation géographique, cette année étant le tour de l’Afrique centrale), intervient dans un contexte de troubles sécuritaires et d’incertitudes politiques dans de nombreux pays du continent. Outre la question burundaise qui occupe les Etats membres de l’Union, en raison des risques de basculement auxquels ce pays est confronté, son ordre du jour devra concerner également le dossier libyen, la situation sécuritaire au Nigéria et au Sahel, le Sud-Soudan et l’impasse actuelle dans l’application de l’accord de paix destiné à mettre fin à la guerre civile et le processus électoral en cours en Centrafrique.
Inquiétudes sur le bourbier libyen 
En Libye, les Etats membres de l’Union devront faire le point sur la formation en cours, mais toujours entravée d’un gouvernement d’union nationale sur fond de poussée de la menace terroriste dans le nord du pays. Daech, qui a exécuté avant-hier trois gardes des services de sécurité d’installations pétrolières qu’il a kidnappés près de Ras Lanouf, ravive les inquiétudes sur sa progression face au rythme très lent et finalement agaçant du processus de normalisation politique que les parties politiques libyennes en conflit doivent assumer. Les Etats membres redoutent les effets de la lenteur du processus politique face à la progression de la menace terroriste. Les pays directement concernés par le bourbier libyen, notamment l’Algérie, craignent également que cette situation d’impasse ouvre la porte à d’autres options pas toujours souhaitables tant que le dialogue interlibyen n’a pas consommé toutes ses chances d’aboutir. Parmi ses options, la possibilité d’une intervention étrangère. Jeudi dernier, le chef de la Maison-Blanche, Barack Obama, a affirmé que les Etats-Unis étaient prêts à traquer les djihadistes du groupe Etat islamique au-delà de la Syrie et l’Irak, jusqu’en Libye si nécessaire, un pays dans lequel Washington dit « suivre la situation très attentivement ». « Le président a insisté sur le fait que les Etats-Unis vont continuer à s’en prendre aux comploteurs terroristes de l’EI dans quelque pays que ce soit », a indiqué la Maison Blanche à l’issue de cette réunion. « Le président a demandé à son équipe de sécurité nationale de poursuivre ses efforts pour renforcer la gouvernance et soutenir les efforts contre le terrorisme en Libye et dans les autres pays où l’EI a cherché à établir sa présence », a ajouté l’exécutif américain. Plus tôt dans la même journée de jeudi, le secrétaire à la Défense, Ashton Carter, avait indiqué que son pays « surveille très attentivement » la situation en Libye. Les Etats-Unis « développent des options pour ce qu’il est possible de faire dans le futur », mais « n’ont pris aucune décision d’intervenir militairement », a indiqué M. Carter lors d’une conférence de presse au Pentagone. « Nous cherchons d’abord à aider » les Libyens « à prendre le contrôle de leur propre pays », a déclaré M. Carter, en saluant les efforts entrepris pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. « Mais nous n’avons pas pris la direction » des efforts internationaux pour aider les Libyens, l’Italie s’étant portée volontaire, a-t-il ajouté. Les Italiens « ont indiqué qu’ils prendraient cette direction », et « nous avons dit que nous les soutiendrons », a-t-il expliqué. C’est dans ce contexte que le chef de la mission de l’ONU en Libye, Martin Kobler, s’est rendu à Addis-Abeba pour participer à la réunion du groupe de contact dont la mission, aussi, est de contribuer à convaincre les acteurs libyens d’aller vite dans la construction d’une représentation politique et d’un système de gouvernance permettant à leur pays de s’inscrire dans un processus de sortie du chaos dans lequel il se trouve actuellement. 
Le coup de gueule de Dlamini-Zuma sur la question du Sahara occidental
La Conférence de l’Union africaine se tient également cette année dans un contexte très particulier marqué par la fin en juin prochain du mandat de l’actuelle présidente de la Commission de l’Union. La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma arrivera au bout de sa mission dans moins de six mois et des incertitudes demeurent sur son intention ou pas de briguer un second mandat. Mercredi dernier, à l’ouverture du conseil exécutif de l’UA, des observateurs ont vu dans son discours un message d’adieu. On en retiendra, côté algérien, que Mme Dlamini-Zuma s’est montrée fort critique de l’action de l’Union africaine en ce qui concerne plusieurs dossiers, dont celui du Sahara occidental. « L’Afrique manque de compétences, a-t-elle dit. Il faut que les enseignants, les fonctionnaires de l’immigration, les collecteurs d’impôts, soient à la hauteur. Comme disait Kwame NKrumah, il nous faut du courage, il nous faut travailler et oser. » Sur le Sahara occidental, a-t-elle poursuivi, « les Nations unies doivent tout faire pour que le processus avance, a-t-elle dit. Il n’est pas acceptable que rien n’ait été fait depuis si longtemps ! » Sur le Burundi, la présidente de la Commission s’est montrée intraitable et devait soumettre hier, vendredi, un « plan » aux dix chefs d’Etats concernés par le « sommet spécial sur le Burundi ». Le 18 décembre dernier, elle a envisagé publiquement l’envoi d’une force africaine de quelque 5 000 hommes dans ce pays, que cela plaise ou non au président Nkurunziza.
Reporters, 30/01/2016

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