L’heure de vérité: Le Maghreb face à la déferlante de l’Etat Islamique?

Un débat à huis clos fait rage actuellement sur les chances de survie des armées maghrébines face à la prochaine déferlante de la filiale locale de l’organisation terroriste connue sous le nom d’Etat Islamique.
C’est la première fois depuis des siècles que le Maghreb fait face à une menace militaire réelle venue d’Orient.
Certaines discussions méritent que l’on s’y étale.
Sommairement, selon certains experts, la Tunisie ne pourra jamais faire face à l’Etat Islamique sans une intervention étrangère de l’Otan.
Un éventuel déferlement des hordes de l’Etat Islamique en usant des mêmes tactiques innovantes que celles utilisées contre les armées régulière d’Irak et de Syrie sur les pays du Maghreb représentera l’un des plus grands défis militaires auxquels ces pays auront à faire face depuis leur création.
Au Levant, ces hordes ont réussi à battre l’armée irakienne et s’emparer d’une ville aussi importante que Mossoul. En Syrie, ils ont réussi à capturer la province d’Al-Riqqa, ancienne capitale du Calife abbasside Harun Rachid et à partir de laquelle il lançait ses expéditions contre le territoire byzantin. On y notera la résistance acharnée mais vaine de l’armée syrienne retranchée dans la base aérienne de Tabqa et dont les hélicoptères Gazelles se sont illustrés d’un excellent usage. Ces derniers ont pu être évacués avant que la base ne tombe aus mains de l’Etat Islamique.
Indubitablement, fort d’un budget de plus de 2 milliards de dollars US et disposant selon les sources entre 20 000 et 80 000 combattants, l’Etat Islamique représente le modèle le plus réussi d’une organisation terroriste. Ses tactiques qui ne relèvent pas totalement de la guérilla classique mais d’une étrange mélange innovant d’offensive frontale, de guérilla assymétrique et d’actions terroristes, gérées en temps réel à l’aide d’imagerie satellite expliquent la rapidité avec laquelle opèrent ces combattants et surtout la célérité avec laquelle il localisent les points faibles de l’adversaire.
Certains experts estiment que l’armée algérienne, cible prioritaire de l’Etat Islamique, est la mieux armée de la région pour faire face au terrorisme, n’aura aucune chance possible au sol face aux hordes de l’Etat Islamique et qu’elle ne devra sa survie qu’à l’usage massif de son aviation d’attaque au sol.
Selon ces experts, l’expérience acquise par l’armée algérienne durant plus d’une décennie de lutte antiterroriste n’aura aucun effet contre un nouvel ennemi, infiniment mieux armé, utilisant de nouvelles tactiques inédites, très organisé et disposant surtout d’une solide logistique et de fonds financiers conséquents. En outre, l’Etat Islamique utilise à merveille les nouvelles technologies de l’information et de la communication et n’aura aucun problème à gagner la guerre des médias avec l’ensemble des pays du Maghreb.
La colonne vertébrale de l’armée algérienne est constituée par les unités blindées. Or ces dernières, bien que disposant de chars récents à l’instar du T-90, aura fort à faire avec les missiles antichar Kornet, Milan, Javelin, Spike,Hot, Cirit, etc. dont disposent éventuellement les terroristes de l’Etat Islamique.
Il est peu probable cependant que l’Algérie puisse perdre une vaste superficie de son territoire comme cela fut le cas en Irak ou en Syrie. Pas à cause de ses forces terrestres, lesquelles subiront de fortes pertes au contact initial des hordes de l’Etat Islamique mais grâce à sa flotte d’avions d’attaque au sol, plus conséquente que celle d’Irak et disposant d’une grande expérience dans les bombardements tactiques des maquis de la guérilla islamiste durant les années 90.
Concernant le Maroc, il ne semble nullement à l’abri vu le nombre impressionnant de marocains ayant rejoint l’Etat Islamique en Irak et au Levant et de milliers d’autres volontaires disséminées en Libye entre les différents groupes armés en lutte pour le pouvoir. Comme l’Algérie, il aura les pires difficultés au monde à faire face contre l’Etat Islamique et devra faire appel à des avions de combat US et européens pour conjurer la menace. Mais cette éventualité ne sera envisagée que si l’Etat Islamique réussit à traverser la profondeur stratégique algérienne. Ce qui semble fort improbable. A moins que le Maroc, exploitant les troubles dans la région, préfère régler d’anciens comptes étroits et relancer la guerre au Sahara Occidental contre le Polisario. Ce qui est une toute autre histoire.
Stratégika 51 – 29 août 2014

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