Qu’attend l’Algérie de la France ?

Un autre dérapage d’un officiel français qui plus est, président de la République.


Par Abdelkrim Ghezali

Un autre dérapage d’un officiel français qui plus est, président de la République. Hollande savait qu’il était en face des caméras et que ce qu’il allait dire sera transmis à l’opinion publique internationale, notamment algérienne qui suit l’actualité française. Donc, les propos méprisants de Hollande ont été bien réfléchis et pesés. Si le président français ne s’est nullement gêné de lancer une boutade de ce genre, à son ministre de l’Intérieur, c’est que la situation sécuritaire en Algérie constitue un sujet de «plaisanterie» dans les arcanes de l’Establishment français. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’un officiel français se permet des propos méprisants à l’égard de l’Algérie et ce ne sera pas la dernière fois tant que l’Algérie officielle continue à ouvrir grands ses bras à la France comme s’il était le seul pays qui aiderait l’Algérie à sortir de son ronronnement économique. 
La France qui est dans une situation économique difficile, a autant besoin de l’aide extérieure que l’Algérie. Cette aide n’est ni du philanthropisme ni de l’altruisme que dicterait une philosophie humaniste et idéaliste incompatible avec le monde des affaires et des intérêts égoïstes et nationaux qui caractérisent les rapports internationaux. L’accord de partenariat global signé avec la Chine, s’inscrit dans cette logique implacable. Lorsque l’Algérie et la France ont tenté une approche humaine de leur relation, à travers un projet de traité d’amitié à l’époque de Chirac, la réaction française a été viscérale lorsqu’il a été question d’aborder le passif colonial qui devait être soldé par une reconnaissance des crimes contre la nation algérienne pendant 132 ans. Il ne s’agit pas d’une réconciliation entre anciens adversaires qui s’étaient affrontés militairement avec les mêmes chances et les mêmes forces comme dans une guerre classique que provoquerait un différent frontalier.
Il s’agit d’une agression manifeste d’une puissance étrangère contre un État, une nation et un territoire. Il s’agit d’un processus d’usurpation, d’acculturation et de massacre programmé. Il s’agit d’un crime impardonnable que les Algériens étaient prêts à pardonner. Mais l’arrogance de la France officielle est de la même nature que celle qui a tenté pendant toute l’occupation coloniale de justifier «l’œuvre civilisatrice» et les «bienfaits du colonialisme». La repentance n’est ni une victoire ni une défaite. La repentance est un geste symbolique qui au-delà de l’éventuel apaisement des mémoires, est un révélateur des bonnes intentions et du respect entre les États. Nostalgique de son passé colonial, la France officielle prouve à chaque occasion son attitude hautaine et son dédain pour les peuples. Elle l’a démontré au Mali et en République centrafricaine. Elle l’a démontré dans sa cabale contre la Syrie qu’elle aurait aimé détruire plus qu’elle ne l’est. 
Elle l’a démontré en Libye quand elle s’est autoproclamée tutrice du peuple libyen qui subit aujourd’hui les conséquences de la folie guerrière de la France et de ses alliés. Elle le démontre enfin dans sa défense acharnée d’un régime marocain colonialiste et oppressif du peuple sahraoui. La vraie question c’est de savoir ce qu’attend l’Algérie officielle de la France.
La Tribune, 22/12/2013

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