Quand M6 active ses télés

C’est au moment où des ONG internationales épinglent Rabat sur les violations à grande échelle des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, que la situation économique et sociale dans le royaume se dégrade et des manifestants battent le pavé pour dire «basta» aux largesses royales, que Sa Majesté active ses relais médiatiques.
Tous les moyens sont bons-même les plus avilissants- pour le Royaume chérifien, pour mener sa campagne de dénigrement contre l’Algérie. Le Maroc, habitué à ces manoeuvres de diversion, à chaque fois qu’il est confronté à une situation sociale désastreuse ou qu’il subit un revers dans le dossier sahraoui, a toujours fait de l’Algérie son souffre-douleur.
Cette fois, c’est via la chaîne Medi 1 TV que Rabat réitère ses intentions, animées d’une haine viscérale vis-à-vis de l’Algérie. C’est curieusement le jour même où le chef de l’Etat avait adressé un message «fraternel» au roi Mohammed VI à l’occasion de l’indépendance du royaume, que le voisin de l’Ouest lance son offensive médiatique. Annoncée en grande pompe, l’émission «Milaf Li Nikach», consacrée au thème: Maroc-Algérie: quel modèle pour la construction du Maghreb?», s’est transformée en véritable procès, dont l’accusé principal n’est autre que l’Algérie. Triés sur le volet, les invités de l’émission, animée par l’Algérienne Djouhra Lakhal, étaient sur la même longueur d’onde: celle de descendre en flammes les autorités, les forces de sécurité et l’armée algériennes.
Pourtant, cette édition spéciale qui devait porter sur l’analyse des modèles de société, de développement économique et de gestion des problèmes de sécurité, en toute objectivité, a été conçue à sens unique. Un certain Athmane Tazaghart- un Algérien retourné- qui s’évertuait de développer des thèses diamétralement opposées à la position officielle de l’Algérie par rapport au dossier sahraoui, donc à soutenir la démarche «autonomiste» marocaine, s’est livré pieds et poings liés aux orientations des «animateurs» de l’émission. Il est même allé jusqu’à accuser la «maffia» algérienne- entendre, de hauts responsables de l’Etat- de tirer les ficelles du trafic de drogue et la contrebande dans le Sahel. Même Ansar Eddine serait, selon le «scoop» du sieur Tazaghart, une création des services algériens.
Il y a aussi Charles Saint-Prot, connu pour ses affinités et complaisance avec la monarchie, ce qui transparaît dans son livre Mohammed V ou la monarchie populaire, qui toute honte bue a accusé la Rasd d’être derrière le soutien aux groupes terroristes dans le Sahel. Une contrevérité qui dénote non seulement la déroute diplomatique de Rabat face au soutien unanime à la position de l’Algérie sur le règlement pacifique de la crise malienne. Quelle mouche a donc piqué les inspirateurs de l’émission? Pourquoi un tel timing? La réponse est somme toute évidente. C’est au moment où des ONG internationales épinglent Rabat sur les violations à grande échelle des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, que la situation économique et sociale dans le royaume se dégrade et des manifestants battent le pavé pour dire «basta» aux largesses royales, que Sa Majesté active ses relais médiatiques. Ces derniers, au lieu d’être équitables dans le traitement des dossiers soumis au débat, ont dressé à un véritable réquisitoire contre l’Algérie et de ses responsables, traités de tous les noms et tous les maux. On est remonté jusqu’à Boumediene pour rappeler son «régime militaire»; ce qui cache mal le complexe que le Royaume chérifien nourrit depuis des années, vis-à-vis de l’ancien président. Le plus aberrant, c’est que les invités de l’émission- même le maire de Gao et l’expert malien et mauritanien- laissaient entendre dans leurs interventions que le Maroc est en avance sur l’Algérie, aussi bien dans le respect des droits de l’homme, que le développement économique et social et sur la scène internationale. Au moment où l’un des hôtes marocains, en l’occurrence Mohamed Al-Yazghi, ancien ministre sous Hassan II, reprochait à l’Algérie de ne pas consacrer une partie de ses réserves de change au marché marocain. Il s’est même inquiété sur le fait que les sommes déposées dans les banques américaines ne soient pas avantageuses pour l’Algérie, en raison, dit-il, du taux d’intérêt très faible. Sur un autre chapitre, la réouverture des frontières terrestres n’a pas été en reste. Au moment où l’Algérie a procédé à la saisie de dizaines de tonnes de kif aux frontières Ouest, les Marocains s’interrogent sur le refus de l’Algérie de rouvrir lesdites frontières. Il est clair que la grogne sociale pousse Rabat à l’extrême.
Les forces de l’ordre ont empêché dimanche, par la répression, la tenue d’une manifestation à Rabat, dont le but était de réclamer une réduction du budget annuel octroyé à la monarchie, arguant notamment du contexte économique difficile. Aussi, après des années de forte croissance (4-5%), le Maroc va devoir se contenter d’une hausse inférieure à 3% en 2012. Ce ralentissement pèse sur les comptes de l’Etat, alors que le déficit public a dépassé 6% l’an dernier. Ce qui, entre autres, explique l’acharnement contre l’Algérie.

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