Hollande et les autres veulent faire les poches à Angela Merkel

De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
En deux ans, Bruxelles a abrité plus d’une vingtaine de sommets de chefs d’Etat et de gouvernement européens. Chacun d’entre eux était considéré et estampillé comme celui de la «dernière chance» ou de la «dernière espérance». Ce qui revient au même. A chaque fois, l’on disait que l’Union européenne a trouvé la formule pour sauver sa peau, s’est parée de nouveaux instruments pour faire face à la crise…
Dès les responsables rentrés chez eux, les marchés, les seuls maîtres en définitive, ici et ailleurs, reviennent à la charge et exigent de nouvelles mesures d’austérité, de rigueur, de réduction du service public, des soins de santé, des allocations sociales, des prestations de solidarité. L’Europe n’en peut plus et les marchés ne s’arrêtent plus d’en vouloir plus. Aujourd’hui, c’est le même scénario… François Hollande, le Français dont c’est le premier sommet, grand espoir devant l’Eternel des désargentés du Sud du continent — ses propos de campagne laissaient supposer que la France pouvait permettre du répit dans l’austérité et faire gagner quelque temps aux endettés — semble revenir à la raison, aux dures lois du marché, des marchés. Pire, le conciliabule d’aujourd’hui s’ouvre sur des demandes pressantes de l’Espagne et de Chypre d’aides financières et de prêts à court, moyen et long terme. Sans cela, Madrid et Larneca risquent de ne plus pouvoir continuer de rembourser leurs emprunts et de ne pas tenir leurs engagements envers l’Europe. Avec la Grèce, en réanimation artificielle, laquelle veut un coup de pouce, l’Italie dont les effets du redressement entamé par Monti, le banquier qui a sauvé Rome des inconduites de Sylvio Berlusconi, tardent à voir le jour, l’Irlande, mendiante et orgueilleuse, le Portugal qui arrive à peine à rembourser non pas sa dette, mais les services de cette dette et qui ne tardera pas, selon les observateurs, à redemander quelques milliards d’euros en plus. L’Europe est au bord de l’implosion et l’euro n’est pas encore définitivement hors de course. Le bras de fer annoncé entre Paris et Berlin autour du pacte de stabilité auquel Hollande veut ajouter un volet croissance inscrit dans le marbre du traité, risque, sans doute, de tourner au désavantage du compagnon de Valérie Trierweiller. Le locataire de l’Elysée, en effet, ne peut faire les poches à Merkel et donner aux autres. La chancelière allemande, le seul bon élève, en définitive de la zone euro, a dit dès avant l’ouverture du sommet que Berlin ne mettra plus un euro sur la table pour financer la dette de qui que ce soit. Selon Berlin, pas enchanteur du tout, qui paye ses dettes s’enrichit. Alors que pour Madrid, Athènes, Rome, Larneca, Lisbonne et Dublin, rembourser, c’est crever la dalle. En euro zone, les uns et les autres ne disent plus la même chose. Au sein de cet ensemble composite, il y a les riches et il y a les pauvres. Une seule monnaie les unit, mais c’est tout. L’euro sonne différemment que l’on soit allemand ou grec… Le sommet d’aujourd’hui ne sera pas différent des autres. Il acte les divergences en attendant des jours meilleurs. Le président Barroso dira, évidemment, que «ça a été un succès». Comme d’habitude. 
A. M. 

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